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Focus : Quand la dentition ne concerne pas que la bouche...

Dr CostaNe pas avoir de caries, c’est bien. Mais le dentiste ou le stomatologue qui examine votre bouche est également sensible à d’autres problématiques, y compris parce qu’elles peuvent avoir un impact sur d’autres organes du corps. Explications du Dr  Filipe Costa, stomatologue au CHR Haute Senne.

“Voilà, vous n’avez pas de carie”, ou “Voilà, vous n’avez plus de carie”, déclare le dentiste en déposant ses instruments. Ouf, c’est fini ? Non. Parce qu’une bouche en bonne santé ne se résume pas à une absence de caries. Et parce qu’une bouche en bonne santé permet aussi d’éviter des problèmes de santé qui - aussi surprenant que cela puisse paraître - risquent de concerner le coeur, ou les muscles, ou la sphère ORL. Entre autres.

“En fait, chez nos patients, deux éléments focalisent notre attention, explique le Dr Filipe Costa, stomatologue au CHR Haute Senne. L’un d’entre eux est le déchaussement dentaire. Il se produit en raison d’un problème d’hygiène et/ou d’un facteur héréditaire, et implique une diminution de l’os qui soutient la dent. Cette perte osseuse favorise l’apparition de poches entre la dent et la gencive, soit autant d’espaces colonisés par des bactéries. L’inflammation qui s’installe risque, dans un premier temps, de générer des gingivites, se traduisant par une gencive rouge, gonflée ou sanguinolente.

Ensuite, une parodontite, impliquant une infection qui, cette fois, touche la gencive et l’os entourant la dent, peut survenir. D’autre part, le second phénomène qui mérite d’être détecté est celui de la présence éventuelle d’un foyer infectieux dans une racine.”

En effet, il arrive qu’une carie (la destruction, causée par des bactéries, de l’émail et la dentine d’une dent) atteigne la pulpe dentaire, causant la mortification de cette dernière. Au stade suivant, les racines sont infectées par les bactéries. La lésion infectieuse risque alors de se propager au-delà de l’apex (le bout de la racine) dans le tissu environnant.

Pour conserver une santé buccale optimale, déchaussement dentaire ou infections de racine doivent être traitées. Mais une autre raison intervient également pour motiver ces soins : via leur circulation dans le sang, les bactéries nocives présentes dans la bouche peuvent impacter d’autres organes, parfois bien éloignés de la bouche, ou influencer diverses pathologies...

L’ennemi, c’est la bactérie

Eliminer des bactéries pour une santé buccale optimaleAvis à tous les adultes : des études montrant un lien possible entre les maladies des gencives et les maladies cardiovasculaires se sont accumulées. Et lorsque la maladie cardiaque a déjà sévi, le risque ne faiblit pas. Ainsi, dans l’anamnèse réalisée
auprès de chaque patient, le Dr Costa demande systématiquement si aucune intervention cardiaque, et en particulier un remplacement de la valve aortique, n’a été réalisée précédemment. En effet, il s’agit d’éviter que lors d’une extraction dentaire ou d’un détartrage, par exemple, une bactérie pénètre dans le sang et atteigne la valve remplacée, avec un risque d’infection (une endocardite). “Chez une personne ayant subi une reconstruction valvaire, la procédure préventive consiste à prescrire de la pénicilline une heure avant les soins”, précise le Dr Costa. C’est, aussi, pour protéger le (futur) coeur des transplantés cardiaques que ces derniers passent d’abord par le fauteuil d’un dentiste, qui vérifie l’absence de tout foyer infectieux et élimine ce dernier de manière drastique.

La vigilance des médecins et des stomatologues s’exerce également de manière spécifique chez les personnes diabétiques, davantage concernées par les infections que les autres. Chez ces patients, un dérèglement glycémique peut favoriser l’infection dentaire. Inversement, l’infection est également susceptible d’entraîner un effet nocif sur l’équilibre du diabète. “Il s’agit donc d’encourager au maximum les personnes diabétiques à être vigilantes quant à l’état de leur santé buccale. Chez elles, le détartrage - au moins annuel - est vraiment indispensable”, insiste le stomatologue.

Du côté des ORL, la présence de sinusites chroniques est également un signe qui nécessite de penser - sans trop tarder - à vérifier l’état des dents. “Dans certains cas, la racine d’une pré-molaire ou d’une molaire infectée, ou bien porteuse d’un kyste, se trouve à l’origine de la sinusite, puisque ces dents sont en contact avec les sinus. Dans ce cas, les curetages réalisés par les ORL ne suffisent évidemment pas à résoudre le problème : seule une intervention pour soigner la racine ou pour l’extraire permet au patient de se débarrasser définitivement de sa sinusite”, rappelle le Dr Costa.

Des dents pour courir

“Il arrive que des sportifs viennent spontanément nous consulter, poursuit le stomatologue. Ils veulent vérifier si des problèmes de tendinites ou de douleurs aux articulations n’auraient pas pour origine un foyer infectieux.” Ce risque, bien connu des athlètes de haut niveau, n’est donc pas ignoré par les sportifs amateurs patients au CHR Haute Senne et à l’affut des raisons qui les empêchent, par exemple, de pratiquer leur jogging.

D’autre part, une occlusion dentaire inadéquate n’est pas non plus sans conséquence. Voici ce dont il s’agit : lorsqu’on ferme la bouche, les dents de l’arcade supérieure et inférieure doivent se toucher de manière harmonieuse, en même temps, et avec une même pression. Si ce n’est pas le cas, un déséquilibre de la posture peut survenir, avec des répercussions musculo-squelettique, entraînant des douleurs à la nuque ou au dos. “L’intervention d’un occluso-dentiste est alors recommandée”, précise le Dr Costa. Bizarrement, cette influence de l’hygiène buccale et la bonne santé buccale sur diverses pathologies ou sur des problèmes médicaux potentiels reste peu connue du grand public. Ainsi, par exemple, les

Intervention occluso-dentiste

femmes enceintes ignorent souvent l’importance d’une bouche bien soignée, afin d’éviter que des bactéries infectieuses ne parviennent à toucher le foetus et/ou à modifier le cours de la grossesse, en augmentant les risques de prématurité et de naissance d’enfants de petite taille et de petits poids.

“La gratuité des soins chez les moins de  18 ans, instaurée depuis plusieurs années, ancre peu à peu chez les jeunes le ‘réflexe’  de se rendre chez le dentiste au moins une fois par an, se réjouit le Dr Filipe Costa. Cette attitude, favorable à une prise en charge précoce des soins, devrait donc contribuer à améliorer l’hygiène dentaire et buccal.” De quoi éloigner les bactéries qui nuisent à la bouche... et au reste du corps ?

Une bonne hygiène et une bonne santé bucco-dentaire passe par la prévention :

  • Consultez chaque année votre dentiste.
  • Brossez-vous les dents 2 fois par jour.
  • Veillez à avoir une alimentation régulière, variée et équilibrée.

Prévention et bonne hygièneLa Clinique de Dentisterie

Site Saint Vincent

L’équipe :

  • Dr Costa, stomatologue
  • Dr Caroli, stomatologue et chirurgien maxilo-facial
  • Mme Adechoubou, dentiste
  • Mr Cuffaro, dentiste
  • Mme El Hakim, dentiste spécialisée dans les soins aux enfants et personnes ayant un handicap
  • Mme Jaumotte, dentiste
  • Mr Ketcha, dentiste
  • Mme Lambot, orthodontiste
  • Mr Sterckx, dentiste Chef de Clinique
  • Mme Wese, dentiste

Prise de rendez-vous : 067 348 450

Interview de Pascale Gruber